

Julia Kerninon avait interpellé un grand nombre de lectrices avec son précédent ouvrage Liv Maria où elle livrait l’itinéraire d’une jeune femme quittant son île protectrice pour vivre sa vie (déjà les symboles). Berlin n’est que découvertes, celles de la liberté et de l’amour… Le premier amour, avant un autre. Et tant de questions, car aimer est toujours une aventure. Avait-t-elle le droit d’aimer et de vivre l’amour ? L’ouvrage fut un grand succès et quelques prix vinrent le couronner. Les critiques ont souligné la délicate écriture ourlée de poésie et de sincérité.
L’auteure nous revient avec un récit très personnel où elle reprend les mêmes thèmes de l’amour dont les chemins sont parfois compliqués. Cet itinéraire, d’une jeune femme qui après s’être cherchée (et trouvée ?) devient mère, ne laisse pas indifférent. La grande question est bien celle-ci : est-ce que la maternité fait la femme ? Est-ce que les livres (très présents dans l’ouvrage) sont la béquille pour tenir debout quand il faut s’occuper d’un bébé, le nourrir etc… ? Et quand lecture rime avec écriture et sein à donner…
Dès l’accouchement, le désir de fuir et de retrouver les chemins de la liberté vient à l’auteure. Et puis, non… Il y a l’homme, si différent d’elle auprès de qui, sans leçon, par intuition plutôt, elle découvre le droit d’aimer et d’être aimée… Car c’est bien la grande question, ai-je le droit de me laisser aimer ? N’est-ce pas un frein à ma liberté ? La jeune femme est encore sur son île (celle de l’ouvrage précédent) au bout est la terre ferme. Sera-t-elle plus belle, plus sécurisante ? Il y a les enfants. Dans ce récit, après la première naissance, une autre merveille a surgi, mais il faut être à la hauteur et ne pas sombrer.
Ce récit ressemble à une fin de psychanalyse… Le petit ou grand miracle, c’est que le lire interpelle tout un chacun. L’auteure a exploré le tréfonds d’elle-même et nous offre la possibilité de la suivre. Ses mots réveillent ce que nous n’osons dire.
Un court récit pour aller à la conquête de soi.