Dima Abdallah a fait une entrée remarquée en littérature avec Mauvaises Herbes chez Sabine Wespieser. Elle nous revient avec Bleu nuit, un roman poétique, enraciné d’herbes flamboyantes, si je puis me permettre, qui va de Baudelaire à Romain Gary en passant par Milan Kundera, Sartre, Camus, Louis Philippe Dallembert et tant d’autres dont les œuvres nous interrogent sur notre humanité. Le pourquoi du comment et la place des lettres, des mots et de la poésie dans toute vie. Qu’est-ce qui sauve l’être humain ?

De tout cela, Dima Abdallah, née au Liban, est une héritière, et son roman nous raconte l’histoire d’un homme qui ne se remet pas de la disparition de la femme aimée, Alma.

Lui, le journaliste, survit dans un premier temps à écrire, depuis chez lui, sans sortir. Il envoie ses textes au journal, réussissant à faire croire qu’il est en reportage, jusqu’au jour où il est licencié… Occupé à briquer son appartement, à mettre tout en ordre, il le quitte et jette les clés dans une bouche d’égout. La rue devient son espace. Entre le Père Lachaise, la rue des Pyrénées, la rue du Repos et la rue de l’Avenir qu’il est bien incapable d’imaginer… 

C’est au cimetière du Père Lachaise qu’il fait une rencontre, une chienne qu’il appelle Minuit couchée sur la tombe d’une jeune Louise…

L’auteure nous livre l’âme de cet homme, les brèves rencontres qui sont pour lui exquise douceur, quand une femme ou une jeune fille lui rappelant Alma, se penche sur lui pour lui offrir un croissant. Ah, la tendresse de la pâte croustillante, symbole de la vie qu’on croque. Il s’efforce de ne dire que merci pour ne rien livrer d’autre de lui… Pourquoi ?

C’est l’histoire dramatique d’une longue errance qui finit par déboucher sur la déferlante d’une vie plus que bouleversée. D’où vient cet homme qui a bravé les flots et les frontières ? Quel a été ce pays qu’il a fallu quitter ? Se remet-on un jour de ces tragédies qui ont armé des bras mais désarmé et terrassé l’âme.

Des pages magnifiques ourlées d’une écriture puissante, belle jusqu’à l’apnée, tant marcher sur le fil de la vie, de la mémoire est un risque aussi périlleux que la survie.

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2 commentaires sur « Bleu nuit, par Dima Abdallah, éditions Sabine Wespieser »

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