

Après « Retour à Birkenau », Marion Ruggieri, journaliste à Elle et elle-même romancière, elle avait prêté sa plume à Ginette Kolinka qui fut déportée avec son père, son jeune frère et plusieurs de ses soeurs– voici « Une vie réussie » et le beau sourire de Ginette Kolinka, 98 ans, qui, inlassablement continue d’aller dans les écoles, collèges et lycées pour TÉMOIGNER.
Cette fois, Ginette Kolinka nous fait visiter l’appartement de la rue Jean-Pierre Timbaud (un résistant) à l’époque, c’était la rue d’Angoulême qu’elle occupait avec ses parents ses cinq sœurs et le jeune Gilbert. Elle l’habite toujours. Au retour de Birkenau, la tête rasée, atteinte par le typhus, elle n’a pas la patience de passer par le Lutetia, elle saute dans un bus et va retrouver les survivants de sa famille. L’appartement était devenu un bureau de collaborateurs qui s’employaient à trouver des emplois.
Elle décrit l’immeuble, l’appartement, les voisins, la concierge. À qui pouvait-on se fier quand on devait coudre l’étoile sur les vêtements ?
C’est à Avignon qu’ils ont été cueillis, mais ce qu’on découvre sous la plume délicate de Marion Ruggieri, c’est ce lieu, qui fut celui d’une vie heureuse et qui l’est resté. Elle relate les rats dans l’immeuble à l’époque, il fallait parler fort, taper dans les mains pour les faire fuir. Ils ont aujourd’hui été chassés, restent quelques souris…
Elle revient sur ses rencontres avec les élèves et sa façon de les interpeller. Il ne faut jamais oublier. Elle pose souvent cette question en collège : « Qui n’a pas 15 ans ? Une majorité de doigts se lèvent. Eh bien, dit Ginette, vous êtes tous morts, car c’était ainsi que procédaient les nazis.
Mais sa fierté dans cet appartement chargé de souvenirs, ce sont les disques d’or de son fils Richard Kolinka, devenu batteur du groupe Téléphone. Elle l’aurait vu postier. Ça pose… Ou coiffeur, il a essayé. Pas longtemps. Lui, c’était la musique. Est-cela avoir un destin ? Au camp de Birkenau, elle a rencontré Simone Veil qui lui a donné une robe qui la faisait paraître plus âgée. La robe l’a sauvée.
Ginette aime la vie, sa vie qu’elle estime heureuse, car elle a toujours su se contenter de ce qu’elle avait. Elle n’a pas eu son magasin de vêtements. Elle a vendu sur les marchés avec Albert son grand amour… Elle a aimé danser.
À la lire, à l’entendre, on prend une belle leçon de vie.
Bravo !