Catherine Le Goff m’avait enchantée avec son premier roman, La fille à ma place. J’attendais avec impatience la suite de ses écrits. La robe, une odyssée est arrivée et je suis tout autant émerveillée.

L’auteure réussit le tour de force de nous raconter l’histoire des êtres qui ont le rêve chevillé au cœur. Des êtres qui ont cette soif de création et qui se laissent caresser par la beauté. 

Il y a la beauté du geste chez Jeanne, la petite auvergnate, chevrière dans une famille rustre où le père retire les enfants de l’école à douze ans pour les placer ici et là pour récolter leur maigre salaire. Jeanne a la rage au cœur, mais courbe l’échine. Elle sait que lui manquera l’odeur de la montagne, le cou de son fidèle Toby, ses chevrettes qui portent des noms de fleurs. Elle dit cependant oui pour aller travailler chez un notaire, chez les bourgeois. On ne peut résister au paternel capable de rosser jusqu’à la mort… Son heureux caractère fait qu’elle saura tirer avantage de la situation. Ses doigts sont des doigts de fée. Elle fait merveille dans les cuisines. Mais son regard ne s’arrête pas aux casseroles… Elle a vu un couturier venir chez sa patronne, elle a vu les tissus soyeux et comprit que des doigts pouvaient aussi faire fleurir la beauté…

À travers l’histoire d’une robe qu’elle dérobe par vengeance, l’auteure nous conte l’histoire du siècle. La robe est le personnage principal. Paul, le fils de Jeanne, en héritera, la revendra à une cantatrice dont la fille prendra soin avant de se faire happer par la guerre de 39/45…

Ce qu’évoque avec talent, l’auteure qui est psychologue, c’est le pouvoir du vêtement, une autre peau sur les êtres, ce qu’il suscite, ce à quoi il peut conduire. La robe embellit, certes, et si elle peut être un piège féroce, être l’arme de la vengeance, elle peut faire naître plus de justice, de passion. L’histoire se poursuit jusqu’en 2010, elle a commencé plus de cent ans auparavant, mais à aucun moment, on ne lâche la lecture, au contraire. 

Une belle écriture, tout en finesse, qui trace, dessine, pique, coud, embellit. Les mots me manquent pour évoquer un extraordinaire périple qu’on ne peut oublier et dont on se dit : cette odyssée pourrait être portée à l’écran.

Bravo à l’auteure, nous attendons une autre histoire.

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