

Les dames du Femina ont fait preuve de bon goût en couronnant Serge Joncour pour Nature humaine qui, à partir de la grande tempête de 1999, s’interroge sur une époque troublée et troublante.
Voici l’histoire d’Alexandre reclus dans sa ferme du Lot où il a vécu avec ses trois sœurs. La tempête a lieu, il pleut des cordes, mais il redoute davantage l’arrivée des gendarmes. Les questions affluent, du moins l’auteur nous le montre ainsi. Pourquoi ?
Si ce puissant roman montre le progrès, il n’élude en rien les luttes, la vie politique, les autres catastrophes et les séquelles qui ont pu inscrire blessures et cicatrices au cœur d’une famille.
Ce livre presque chirurgical, radiographie trente ans de notre société et ce faisant, dévoile la complexité de chacun, et sans doute celles de son enfance. Celle de la société rurale à qui le progrès avait tant promis quitte à contrecarrer les lois de la nature. « Quant à savoir ce qui se passerait quand les vaches ingéreraient ces graines intelligentes, peut-être que leur cuir refoulerait les mouches, si ça se trouve il n’y aurait plus de mouches avec un peu d’imagination tout devenait possible. Crayssac n’avait peut-être pas tort. Ce monde parfois, il lui faisait peur à Alexandre. »
Oui, il y a cette catastrophe de 1999, comme un couperet qui est tombé et permet les grandes questions sur notre devenir à tous. Quelle est la place de la nature dans chaque vie ? Pourquoi avons-nous eu besoin de la martyriser ? Pour quel mieux vivre ? Qui s’est un jour vraiment interrogé ?
L’humain a besoin de la nature, mais la nature n’a pas besoin de nous.
Ne ratez ce roman puissant !