

Anne Lorho est poétesse, mais elle est aussi enseignante spécialisée auprès d’enfants et d’adolescents déficients visuels. À ce titre, d’une très jolie plume, joyeuse, malgré le sujet évoqué, elle nous offre l’histoire de Guillaume, qu’un terrible accident a rendu aveugle et sans nez. Ainsi, elle nous permet d’entrer dans un univers totalement inédit pour la plupart du commun des mortels. Qu’est-ce que c’est que vivre dans le noir ?
Ll’histoire de Guillaume, informaticien dans une banque new-yorkaise est celle d’un dandy qu’un accident a défiguré, comme l’ont été tant de soldats au cours de la première guerre mondiale. Une gueule cassée. Guillaume sait et comprend ce qu’il peut provoquer. Il perçoit les regards apeurés jusqu’au dégoût. Est-ce pour autant qu’il s’interdit de vivre et d’avoir de l’humour ? Eh bien, non !
Vivre à New-York avec un tel handicap n’est pas aisé. C’est oublier la force et l’intelligence de Guillaume qui a développé des stratégies élaborées pour s’en sortir, se déplacer. Le plus difficile, car il est un être humain à part entière, c’est de parvenir à être aimé, à créer des liens. Dans un premier temps, il faut bien que le corps exulte, mais là n’est pas l’essentiel chez lui, même s’il rencontre des prostituées. Très vite, il comprend que cela n’est pas suffisant. Il désire, et c’est normal, une vraie rencontre, un authentique dialogue. Et s’il tentait les sites de rencontres ? Il y fait la connaissance de personnes sympathiques. On échange, on se confie, mais le jour de la rencontre physique, que se passera-t-il si Guillaume n’a pas évoqué son handicap ?
À cela s’ajoute un mode de vie particulier pour lui, il mange des insectes vivants… Besoin de se distinguer ?
Guillaume nous offre, par la plume d’Anne Lorho dont c’est le premier roman, sa joie de vivre, son sourire et une perception du monde hors du commun. Voir et ressentir au-delà du visible et des odeurs.
Une belle entrée en littérature.