En 2019, Éric Badonnel écrit Alors que la mémoire s’efface, un livre sur sa mère prise dans le tourbillon de la maladie d’Alzheimer… Que reste-t-il sur la transmission d’une mémoire quand le mal ronge tout souvenir ? Cette tâche revient-elle aux descendants ? Leur tâche est de sauver afin de mieux la transmettre. C’est ce qu’a réussi l’auteur. Il était en route sur le chemin qui allait forcément le conduire à s’interroger sur le côté paternel de la mémoire. Les hommes de cette famille, qu’avaient-ils vécu ?

D’où est venu ce déclic ? D’un besoin de s’enraciner dans une généalogie, une histoire ? Une curiosité sur la fameuse question qui suis-je ? Où sont mes racines ? D’où, peut-être, ce test ADN que le plus grand nombre peut faire pour quelques dizaines d’euros… C’est ainsi que ce Vosgien, originaire de Granges-Aumontzey s’est découvert des racines nordiques, grecques-italiennes alors que depuis des lustres la famille est lorraine, essentiellement vosgienne.

Et voici cette histoire de famille, superbement écrite, avec délicatesse à partir d’archives, de photos sépia, de recherches aussi pour raconter les siens qui connurent les grands conflits de ce siècle. Des conflits rimant avec déracinement quand il fallut servir son pays dans les colonies. L’arrière-grand-père, Adrien s’en est allé en Tunisie sous la Troisième République, Armand, son fils lui a servi à Verdun où il a été gazé, son fils, Gaston a vécu la Seconde guerre mondiale et quelques mois avant la Libération a été enrôlé pour partir à Karlsruhe. Et André, le père de l’auteur, vivra les Événements d’Algérie, on ne disait pas guerre pour cette guerre d’indépendance.

Des engagements qui ont transformé ces hommes, mais pas seulement. Si leurs regards se sont ouverts sur le monde, si dans les villages, les fermes, qui rassemblaient, ont changé, il a fallu observer entendre. On parlait peu, on racontait peu. L’auteur scrute les photos enfermées dans une boîte de bois (un petit cercueil ?). La vie est là qui se résume à des émotions contenues, retenues, étrangement figées. C’est une histoire de famille, mais elle devient universelle et nôtre, car elle pose la question de l’identité. Elle montre le courage de simples Français. S’il faut aller de l’avant, il ne faut pas trahir… Toujours rester fidèle en somme tout en s’acceptant.

Au fond, quand on écrit sur les siens, sur une époque, c’est toujours pour mieux se connaître.

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s