

Il n’est pas facile d’aimer. Et encore moins de faire le deuil de la personne aimée, trop tôt disparue.
Un homme reste fracassé par le décès de son épouse Victoire. Lui, est universitaire, la soixantaine, il est resté séduisant, mais trois ans après le drame, il ne parvient pas à faire surface ou si mal. Elle, était décoratrice.
Pourtant il est entouré d’amis, d’une charmante employée de maison qui a pris la main sur la maison et le gronde comme un enfant, commence à le suspecter quand les comportements de Mochieu, comme elle dit, changent.
Il fréquente la bibliothèque Richelieu à Paris et il rencontre une femme très belle. Belle comme une Italienne. Madame Duparc, dont il va apprendre qu’elle porte le prénom de Manon alors que lui s’intéresse à Manon Lescaut de l’abbé Prévost.
Que sait Manon de cet homme ? Que sait-il d’elle, sinon qu’elle lui rappelle l’épouse disparue, mais que quelque chose dans son comportement séduit et le remet dans l’axe du mieux vivre avec un zeste de légèreté et de grâce.
Retrouverait-il le goût de l’aventure, de la vie au point de la suivre dans des lieux auxquels il n’a jamais pensé. Elle-même confesse ne pas apprécier ces plaisirs inavouables. Veut-elle mieux le connaître ou joue-t-elle avec lui ?
S’il est vrai que le diable est dans les détails, François Ceresa n’offre pas dans ce court roman des pages sidérantes, osées. Non, d’une belle écriture, riche de références, c’est une interrogation sur l’amour, les jeux de miroirs, la place de l’intellect dans nos relations qu’il propose. Ces pages racontent les imprévus, les voyages. L’amour s’en nourrit avec gravité et légèreté. Il n’est jamais trop tard pour se laisser surprendre, pour renouer avec la vie. L’auteur cite Cocteau « Je sais que le verbe aimer n’est pas simple, que son présent n’est qu’un indicatif, que son futur est conditionnel ».