J’aime découvrir de jeunes auteurs grâce à leur premier roman. Je ne risque pas d’oublier celui d’Emmanuel Flesch qui nous plonge au cœur de notre société avec l’histoire de Walid Z. au cœur du Palais de justice de Paris. 

Dans le box des accusés, un jeune homme qui risque la peine de mort par décapitation… Le choc bien sûr. Que s’est-il passé ? Qu’a commis Walid ? La peine de mort a bien été abolie ? Je lis, j’avance dans l’histoire de ce roman choral, car ses proches, ses connaissances, prennent la parole, donnent leur point de vue, au fond comme dans tout procès. Les témoins se succèdent. Très vite, la peinture de l’époque nous saute au visage, nous griffe, nous lacère. L’extrême droite est au pouvoir.

Mais qui est Walid ? C’est un gosse originaire des banlieues, plutôt bien intégré à la société française. Il est parvenu par de brillantes études, Sciences Po, grâce au programme « discrimination positive », à entrer dans la prestigieuse école. Rien n’était gagné, il a senti la distance avec les autres élèves dont un tiers votait pour l’UNI, le syndicat d’une droite décomplexée, qui chaque année voulait (en vain) revenir à une sorte de « Dehors les gens pas comme nous, l’élite, c’est nous, pas les Noirs, pas les Arabes. » Walid a vite compris et s’est tenu à l’écart. À peine quelques amourettes passé la désillusion des premiers mois, il s’était engouffré dans les études avec une véritable voracité. Les classiques de l’historiographie lui procuraient le même bonheur qu’au lycée les romans russes. Mais parfois, sans prévenir, la solitude lui pesait. 

Au procès, on tente de faire son portrait, on a lu son journal, du moins ce qui intéresse les magistrats, plus occupés d’ailleurs à remettre en place le col de fourrure d’hermine, à lorgner l’écran de leur téléphone et à regarder le bout de leurs chaussures qu’à songer au sort de Walid. Ce procès les enquiquine. Le sort de l’accusé n’est-il pas déjà scellé ? Dans ce pays, on a décidé de redonner leur place aux Français de souche et bien blancs.

On frémit à la lecture de ces pages qui nous interpellent. France, pays des lumières, dans quelle nuit es-tu tombée ?

Emmanuel Flesch enseigne l’histoire dans un collège de Seine-Saint-Denis. Après avoir exercé toutes sortes de métiers entre Paris et Marseille, il sait de quoi il parle.

Ne ratez pas ce roman coup de poing.

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