

Joseph Vebret, l’auteur de cet ouvrage, raconte une très grande histoire liant Flaubert tout juste âgé de 24 ans à Louise Colet, son aînée de dix ans et déjà maman, qu’il a rencontrée dans l’atelier du sculpteur Pradier.
Elle est poétesse et a déjà publié plusieurs ouvrages qui lui ont valu une certaine reconnaissance.
Flaubert n’a encore rien publié, mais est attiré par la littérature. Il se cherche à cette époque. A-t-il déjà en tête Emma, cette jolie femme qui s’ennuie auprès de son époux médecin ?
Entre Louise et Flaubert, c’est un véritable coup de foudre. Mais comme dans tout coup de foudre, il y a violence et dévastation. Pourquoi Flaubert quitte-t-il Louise au bout de trois jours ? Ce n’est pas qu’il soit déçu par elle, mais il nourrit des craintes… Non, il se sent écrasé par cette puissante. « Tu as un pouvoir d’attraction à faire se dresser les pierres » lui écrit-il. Elle répond et l’on va, de lettres enflammées, à des lettres de colère, semées de larmes, de reproches injustes de la part de Louise. Parfois les deux amants se retrouvent, mais si brièvement. Ce sont les lettres qui donnent le ton et montrent les caractères. Louise est exclusive, jalouse. Flaubert est encore une sorte de petit garçon à maman. Il n’ose pas lui parler d’elle… Que redoute-t-il ? Un cordon n’a pas vraiment été coupé.
Reste cette correspondance extraordinaire donnant un éclairage à l’auteur en devenir. Et s’il avait emprunté à Louise quelques traits pour peindre Emma ? Flaubert dont on célèbre le bicentenaire de la naissance est en devenir. Emma Bovary, son chef-d’œuvre mettra quelques années à naître. La mise au monde est laborieuse, toujours l’auteur corrige. Il peut passer des jours sur une phrase, mais le résultat est celui que l’on sait. Bovary, c’est moi, a-t-il déclaré.
Joseph Vebret signe ici un ouvrage complet sur l’une des plus belles correspondances de la littérature du dix-neuvième siècle.