

Personne n’a oublié la catastrophe du viaduc de Gênes qui, sans prévenir, a cédé précipitant des automobilistes dans le vide et allant anéantir les maisons et petits jardins construits en-dessous. De quoi intéresser un romancier et tenir en haleine lectrices et lecteurs.
Au départ, rien de tout cela sous la plume de Julien Sandrel qui a déjà fait rêver avec La Chambre des merveilles, un succès phénoménal. (26 traductions et une adaptation au cinéma en cours).
Son héros Sacha est une jeune trentenaire, prénommé ainsi parce que sa mère aimait Sacha Distel. Mais lui, qui vit, de près ou de loin de la scène, préfère une autre référence : Sacha Guitry. Et, comme chacun sait, être artiste ne nourrit pas son homme.
Sacha, pétillant de vie et d’audace, cumule les petits boulots et le voici qui se retrouve à jouer les tontons auprès de Sienna, la fille de Tess, jeune femme lumineuse. La gamine est délicieuse et l’attachement s’opère. Dans l’histoire, peu à peu, les personnages de ce roman sont esquissés et quand survient ce 14 août 2018 Tess doit se rendre en Toscane rejoindre sa meilleure amie Francesca et son fils Livio. Les retrouvailles avec Sacha et Sienna, déjà arrivés en Italie, auront lieu un peu plus tard.
L’auteur aurait pu s’en tenir à la catastrophe, à l’attente, aux recherches, car Tess et Livio sont portés disparus. Or, ce temps des recherches, est propice aux secrets des uns et des autres qui remontent et prennent le pas.
Sacha, très attaché à Sienna qu’il appelle de tous les noms de fleurs, myosotis, violette, coquelicot, depuis trois ans, est forcément désemparé. Le chagrin est violent et il tente de le repousser, de nier la cruelle vérité. On ne meurt pas ainsi quand on s’appelle Tess… Comment poursuivre la vie pendant quelques jours encore, cacher la vérité à l’enfant plus qu’il n’est nécessaire ? Il veut la préserver, la voir heureuse, car la vie doit primer dans ce bel écrin qu’est l’Italie. N’est-ce pas cela aimer ? Difficile pour lui dont le cœur est en lambeaux.
On ne lâche pas ce roman, le cœur au bord des larmes parfois. C’est une plongée dans les âmes, le tout rythmé par des haïkus que se récite malgré lui Sacha.
Julien Sandrel a bien du talent. Il faut que l’espoir demeure, débouche vers le soleil. Et il a bien raison.