

C’est une histoire qui a longtemps été cachée. Pendant une vingtaine d’années, 1000 à 2000 enfants réunionnais ont été « arrachés » à leurs parents pour être envoyés en France. Michel Debré avait mis en avant, que c’était une chance pour ces familles noyées par la surnatalité. Les enfants allaient recevoir une éducation, reviendraient aux vacances et seraient les banquiers, les médecins, les ingénieurs, professeurs du futur. La France avait tout simplement besoin de mettre fin à l’exode rural, plus flagrant en Creuse qu’ailleurs.
Voici l’histoire de Mila, inspirée par l’histoire de Ghyslène Marin qu’elle a écrite avec son fils Léo. L’histoire est certes romancée et montre le village Saint-Avre avec ce lieu où sont accueillis ces enfants, et dont on dit qu’ils viennent se refaire une santé, mais elle interpelle.
Ces enfants pètent le feu, mais que ne dit-on pas d’eux ? Trop remuants, trop directs, un peu voleurs. Ils sont étranges avec leur teint basané, leurs yeux étirés, leurs cheveux si bouclés. Deux sœurs gèrent le lieu d’accueil. À la mort de l’une d’elles, Ernestine, la vieille épicière qui s’était attachée avec son mari Hector, le demeuré, à Mila qui a quitté Saint-Avre, espère son retour. C’est l’occasion de se souvenir.
Nous avons ces années avec cette enfant rebelle et attachante et la plongée dans le passé d’Ernestine qui voulait être professeure d’histoire-Géographie mais que les parents ont obligée à épouser Hector auquel elle a fini par s’attacher et qu’elle a défendu. Nous voyons les harpies des lieux, l’administration guindée qui s’oppose à l’adoption de Mila par ce couple aimant.
C’est une histoire bouleversante, une histoire de dignité et de respect. La France n’a pas à être fière des décisions prises en ces années. Comment peut-on avoir agi ainsi ?