

Geneviève Senger sait remonter le fil du temps pour conduire lectrices et lecteurs dans les méandres de l’histoire où des cœurs ont forcément battu.
Avec ce roman qui prend aux tripes, l’auteure évoque l’après-guerre et un fait peu connu. Des prisonniers de guerre allemands ont dû réparer des fautes et parfois mettre leur vie en danger. Ici, ils ont dû déminer des lieux, des champs qu’ils avaient planté de mines meurtrières.
Tout commence avec Claire qui se rend au mariage de son amie de toujours. Le fiancé est revenu du STO et on se marie. Claire qui vit avec sa grand-mère, son père a été tué par la Gestapo (dénoncé ?) et Lucas, le fiancé adoré est mort en camp de concentration (résistant dénoncé, lui aussi ?). Elle ne parvient pas à rester à la fête et se sauve. Elle ne peut ni ne veut oublier ce tendre et bel amour. Au détour d’un chemin surgit le chien de Lucas qui passe sous les barbelés d’un champ encore miné. Elle veut le rattraper. Une mine fait exploser la bête tandis que surgit Joaquim, l’un des boches requis pour ce boulot dangereux. Il parvient à la sauver, touché par sa grâce et sa beauté, tandis que « le protecteur » amoureux depuis toujours s’agace, il se reprend à croire en la vie et l’amour et se souvient de son itinéraire de nazi jusqu’à devenir un « refusant ».
Le talent de Geneviève Senger, c’est de montrer les êtres avec leurs qualités et défauts et d’expliquer une situation historique qui les a façonnés jusqu’à l’abject et parfois jusqu’au meilleur.
Je ne révèlerai pas le dénouement, ni la fin. L’écriture est belle autant que délicate. Le bonheur reste en devenir.
Un roman dont il ne faut pas se priver.