

Nicolas Beuglet a réuni deux enquêtrices, apparues l’une dans Dernier Message et l’autre dans L’Île du diable. L’auteur savait qu’il les réunirait pour clore ce qu’il appelle sa trilogie… Il aime les fins ouvertes.
A priori, ces deux femmes différentes, l’une, Sarah la Norvégienne est une jeune femme déterminée, mais très froide et l’autre, Grace, l’Écossaise est plutôt en rondeurs à tout point de vue –caractère riche d’humanité– n’ont rien en commun. Très vite, on comprend les fêlures de Grace. Mais ces enquêtrices vont s’entendre, car elles poursuivent le même but : en découdre avec une organisation qui fait se dresser les cheveux sur la tête. Olympe poursuit un but précis, mettre la main sur l’intelligence des humains afin de changer la civilisation, non pour l’élever, on va le comprendre très vite, mais pour dominer. Qui dirige Olympe ? On l’appelle Le Passager sans visage et nos deux enquêtrices ont déjà leur petite idée sur ce dangereux personnage.
(Je précise que si on n’a pas lu les romans précédents, on comprend cet ouvrage et il captive, je n’ai pas dormi cette nuit pour savoir la fin.)
Ce Passager, être abject, est intéressé par l’âme des morts qu’il veut capter pour continuer à les faire agir. (Clin d’œil aux travaux d’Edison). Au début, nos enquêtrices ne le savent pas. Elles sont non loin de Glasgow, et elles doivent s’adapter l’une à l’autre. Grace a malencontreusement fait échouer l’arrestation d’un homme clé dans un train. Sarah semble lui en vouloir. Grace, le bras dans le plâtre s’explique. Elle n’avait pas le choix.
Les voici près d’une demeure apparemment abandonnée où vit une jeune veuve éplorée…, sans aucun contact avec le monde, ses courses lui sont livrées. Elle accepte de faire visiter sa maison…(on tremble à chaque porte). Le téléphone des enquêtrices les a menées là. Mais apparemment elles ne trouvent rien. Il faut revenir mettre en confiance cette jeune femme qui dit s’appeler Miss Ferguson… Il faut tout le talent et la perspicacité des deux enquêtrices pour découvrir la folie de cette femme qui, dans le passé, a assassiné ses parents. Elle s’appelle en fait Emily Abercamp. Sortie de l’asile psychiatrique avec la complaisance d’un médecin, elle se raconte.
Elle était si heureuse avec Thomas qu’elle venait d’épouser et aimait tant l’enfant qu’il avait. On allait fêter son anniversaire… Impossible de vous en révéler davantage. Plus la confession de la jeune veuve avance au cours d’une nuit balayée des vents orageux, plus l’angoisse monte… Nos deux enquêtrices touchent-elles au but ?
On aime les références de l’auteur à Bernanos, on aime la fragilité de Grace. Cette enquête, où l’on découvre la mort d’un enfant, n’est pas sans remuer son passé au point de presque lui faire perdre pied. Et quand on découvre ce que cette organisation Olympe a comme projets de soumettre le monde entier, le sang se glace. Qu’est-ce qui peut sauver l’être humain face aux robots ? La foi, les croyances, les textes ?
Cette enquête trouve son achèvement après bien des péripéties, mais on s’interroge, Grace et Sarah reviendront-elles unir leur talent pour les justes et bonnes causes ?