

John Boyne ne manque pas d’humour et, dans ce nouveau roman, il pointe les réseaux sociaux et nos addictions qui apparaissent sur nos téléphones mobiles. Quelques grammes dans nos mains qui font qu’elles ne sont occupées qu’à cela. À peine 200 grammes de métal, de verre, de plastique. Le tout s’éclaire et sert de boussole (souvent mauvaise).
L’auteur nous entraîne chez les Cleverley, une famille britannique peu ordinaire. Papa est un chroniqueur célèbre de la BBC, avec un bel ego. Il anime avec talent, il se considère tel un trésor national. Il se vante de connaître la terre entière, enfin, surtout les célébrités. Maman est une romancière. Elle a écrit deux romans elle-même. Elle voudrait être connue et reconnue. Est-ce la fatigue, elle s’en remet à d’autres plumes et signe seulement les histoires qui sont les siennes. La honte ? Mais non, pas du tout. Et puis, il y a trois enfants. Certains déjà adultes. L’un est devenu enseignant dans le collège qui fut celui de bien des maux pour lui quand il était harcelé. Sa sœur Elizabeth se réveille et s’endort bercée par les like et followers. Un permanent contrôle de sa popularité. Des statistiques à n’en plus finir… Le plus malin, c’est bien Achille, un rien de perversité. Prêt à toutes les roueries pour arnaquer ici et là…
Alors, heureuse la famille Cleverley ? En apparence, on pourrait dire oui… Mais, bien vite, les failles apparaissent et on se prend les pieds dans le tapis d’une vie creuse, plate, avec tant de faux semblants. Les héros (en sont-ils ?) prendront-ils conscience de la platitude de leur vie ? Les réseaux sociaux ne reflètent rien d’autre que l’intolérance, ne révèlent rien de très positif et ne tirent pas davantage vers le haut. Le prêt à penser chic ne fait pas choc. On pourra dire que ce roman est truffé de grosses ficelles. Mais le fait est qu’on ne le lâche pas et on se surprend à s’esclaffer, à s’exclamer, à approuver aussi. Une envie de boxer cette famille qui ressemble à tant d’autres et parfois même à nous. John Boyne sait appuyer là où ça pourrait faire mal. Il le fait avec humour. L’humour peut-il sauver tout un chacun de ses travers ?