

Il y a des romans qu’on ne lâche pas. Ceux de Bernard Minier sont de ceux-là. Surtout Lucia... Une femme flic, enquêtrice, un rien rebelle, qui a de l’instinct, décortique le pourquoi du comment. Lucia Guerrero (traduisons par Lucia la guerrière) enquête à Madrid. Elle fait partie de la Guardia Civil. Elle vit essentiellement au milieu d’un monde masculin (mais quelques femmes sont aussi présentes).
L’histoire commence avec la découverte d’un corps nu trouvé sur une croix, (on a viré la statue du bois du croix) pour y mettre un corps. C’est celui de son coéquipier Sergio Castillo Moreira, 35 ans, père de deux gamines… Un homme à qui elle plaisait (c’était réciproque) mais au travail, pas touche…
Le corps (dans lequel un tournevis a été planté presqu’au niveau du cœur), vit encore… Mais pour peu de temps et surtout, il tient seul sur la croix… Comment est-ce possible ? On l’a collé…
Lucia se donne à corps perdu dans cette enquête et très vite, on va se retrouver sur la piste de crimes horribles et pas élucidés. Un tueur abominable met en scène des crimes en s’inspirant de tableaux de la Renaissance…
On découvre aussi l’existence d’un groupe d’étudiants en criminologie à l’université de Salamanque, à leur tête un merveilleux professeur… Un logiciel pourrait résoudre ces crimes impunis, inspirés des Métamorphoses d’Ovide, un livre à l’origine de peintures terribles mettant en scène la cruauté des dieux et leurs agissements coupables aux yeux de la bonne morale.
Bernard Minier aime l’Espagne. Il y a des origines. Il nous offre une peinture des lieux étonnante… Une immersion dans des lieux culturels où le savoir et la beauté peuvent cacher de viles actions… On visite avec lui la merveilleuse bibliothèque de Salamanque. On le suit dans la quête intelligente de Lucia qui, parfois, marche au bord du vide… Les fausses pistes existent, rien n’est simple.
Dès le début, l’auteur nous parle du possible tueur de Moreira… Un homme atteint de TDI (Troubles dissociés de l’identité). Il est parfois falot, carnassier tueur ou enfant apeuré. Simule-t-il ou est-ce vraiment sa pathologie ?
Lucia a du courage et de l’audace, on ne peut s’empêcher de l’admirer et de trembler pour elle.
Bernard Minier avoue que peut-être elle reviendra dans d’autres histoires… Fera-t-elle équipe avec Servaz un autre de ses héros ?