Réussir un tel roman, inspiré de faits vrais, est souvent une gageure. Or, Julie Printzac réussit le tour de force, sur trois générations, de nous conter l’histoire d’une famille plutôt malmenée dans les années quarante. Et pour cause, la famille est juive. Venue de Belgique, installée à Paris, la famille devra sans cesse fuir avant de trouver un havre de paix dans ce qui fut une belle demeure au pied des Pyrénées. Du moins, l’espérait-elle.

L’histoire commence aujourd’hui, pour Déborah, notre héroïne. Elle a quelques soucis, ne va pas bien, et décide de se ressourcer en posant ses valises chez sa mère qui veille sur Esther, la grand-mère dont la mémoire défaille. 

Pourquoi faut-il que soudain Esther lance un prénom qui semble la glacer ? Ce prénom, c’est Clara. Déborah veut comprendre, mais n’en saura pas davantage. Le silence tombe telle une chape de plomb. Autour de ce prénom, qu’y a-t-il ? Déborah veut savoir et va commencer, rien que pour elle, une enquête pour reconstituer l’histoire des siens. 

Le roman est solidement documenté. La trame de l’histoire est là. Et même si l’on sait ce qu’il est advenu au cours de la Seconde Guerre mondiale, les personnages qui se trouvent dans ces pages restent attachants à plus d’un titre et nous bouleversent. Et c’est là le talent de l’auteure qui enquête en France, aux USA et jusqu’en Israël. 

Pourquoi en voulait-on aux Juifs ? De quoi furent-ils coupables pour être à ce point pourchassés, conduits dans les camps ? On le sait, beaucoup ne reviendront pas. Et au sein de la famille de Déborah, ce sera le cas. Dès lors, comment oser vivre ? Les descendants ont leur droit de connaître leur histoire, c’est même indispensable. Le silence qu’on impose aux descendants comporte toujours une part de culpabilité pour eux.

L’émotion affleure au fil des pages qui nous racontent le présent et le passé étroitement mêlés. L’important pour l’auteure aura été de dire, de restaurer une mémoire, celle d’une famille, celle d’un peuple. Personne ne peut faire l’économie de la mémoire au sens large du terme. C’est à ce prix que l’on peut oser la paix et la reconstruction au sens large.

Magnifique roman à lire et à faire lire. 

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