

De roman en roman, les destins féminins ne quittent pas la plume de Karine Lebert.
Dans ce roman fleuve (plus de 585 pages) elle nous entraîne bien évidemment au coeur de destinées féminines. Dès l’année 1938, Pauline, née à Honfleur, ose, par amour braver la bienséance de l’époque en épousant Joachim, un réfugié allemand. Il a fui le nazisme et s’engage dans la Résistance, mais les unions franco-allemandes sont montrées du doigt…
En 1946, Hilda, la sœur de Joachim épouse un officier français et demeure à Berlin… Un enfant naît de cette histoire d’amour, qu’un mariage n’a pas scellée. Cette « union », à sa façon, choque, elle aussi. Pas de chance pour Hilda, veuve, sa fille Adeline est enlevée par la nounou russe… Comment la retrouver ?
Ces deux trajectoires montrent la difficulté d’une époque où les mariages franco-allemands étaient si peu acceptés. C’est aussi l’occasion de montrer ce qu’est devenue l’Allemagne après 1945. Comment Berlin a été partagée. Comment le pouvoir soviétique a dicté sa loi… Joachim a cru en des jours meilleurs. Le Communisme était une opportunité de paix. Jamais plus le nazisme. Mais que savait Joachim des dictateurs de l’autre côté du rideau de fer ? Que savait-il de la liberté ? Il y avait celle imposée par le pouvoir et celle choisie… De l’autre côté du rideau de fer, on ne choisissait pas. On subissait. Celle choisie était pour l’Ouest, cet Ouest corrompu par les USA…
L’auteure décortique les raisons de l’amour que la raison ignore.
Et puis, soixante-dix ans plus tard, à Cabourg, vient l’histoire de Valentine et de Magda, toutes deux musiciennes…
Valentine est normande, Magda n’est autre que l’arrière-petite-fille de Pauline, une allemande de mère française…
Le temps est-il venu d’éclaircir d’intenses moments restés dans l’ombre ? Le temps est-il venu de déposer enfin les griefs et d’œuvrer à un monde meilleur en se connaissant mieux ?Il faut oser briser les mensonges, il y en eut, pour laisser s’épanouir la vérité. La liberté d’être est à ce prix.