

Paule Constant revient à l’Afrique avec ce nouveau roman « La cécité des rivières ». Elle choisit de montrer une jeune journaliste, Irène et un photographe connu et reconnu Ben Ritter pour suivre Éric Roman, prix Nobel (sans doute de médecine) qui revient sur son enfance, dont une grande partie s’est déroulée en Afrique.
Le prix Nobel n’est pas à priori un homme forcément sympathique. Leur rencontre, qui se déroule sur très peu de jours, au cours d’une promenade présidentielle qu’effectue le prix Nobel, se passe à bord d’un 4×4… Le prix Nobel s’adresse davantage au chauffeur ou au photographe qu’à elle. Elle parvient à noter ce que fut la vie de cet homme aux côtés d’un père médecin-capitaine, ancien des guerres coloniales, dans un hôpital de brousse à proximité d’un village réservé aux lépreux.
Sous la plume de l’auteur, s’écrit une sorte de carnets de voyages. Le voyage va durer plus longtemps que prévu. On s’arrête dans des lieux étranges qu’appréhende Irène, pour manger et dormir… Les hommes sont heureux entre eux. Irène se sent à l’écart. Pour elle, seul compte son reportage. La chance de sa vie ? Mais que dire de ce Nobel ? Il finit par se confier. Une enfance loin d’être heureuse. Les parents se sont séparés. La mère élevait la fille, le père le garçon. Un père qui use de coups injustifiés. Un violent, proche de la folie. L’enfant cache aux religieuses qui le soignent qui l’a blessé aussi gravement… Le Nobel raconte aussi les maladies tropicales. C’est le fleuve qui véhicule tant de bactéries, responsables de tant de maux et les rivières font silence (d’où le titre)… Mais plus que les paysages qui sont décrits, plus que la situation de certains villages où se sont installés les Chinois, plus que cette célébrité qui revient sur les lieux d’une enfance, dont il n’avait peut-être pas envie de se souvenir, Paule Constant glisse çà et là, comment on se construit, comment on devient adulte…
Ce voyage était-il nécessaire pour dissiper la nuit de cet homme ? En avait-il envie ?