C’est le premier ouvrage de Rivka Nadel qui vit à Strasbourg… L’éditeur a écrit roman sur la couverture, mais c’est davantage le récit d’une vie, la quête de sens qui fleurissent dans ces pages fort bien écrites.

C’est l’histoire d’une lycéenne qui entre en première littéraire au lycée Henry IV. Une époque (les années 1970) où très peu de filles étaient admises à fréquenter ce « Lycée sur la montagne », montagne Sainte-Geneviève. L’adolescente est saisie par la beauté du lieu, l’architecture inscrit en elle quelque chose qu’elle ne mesure pas. Une ascension… (La marche sur les toits est fascinante).

La suite, c’est hypokhâgne et khâgne, des classes d’élite, de formatage, écrit l’auteure qui ne sort pas indemne de ce passage « obligé ». Pourtant, elle y rencontre un professeur exceptionnel qui vit la littérature et un jeune homme avec qui elle partage des origines juives polonaises. Un peu amoureuse de lui, mais il choisit quelqu’un d’autre.

Très vite, la jeune fille, en quête de sens, se sent attirée par l’étude de la Torah. Le Livre où tout est écrit, l’histoire des ancêtres et la sienne… Elle comprend que les études qu’elle suit ne combleront pas sa soif. Il faut chercher ailleurs, marcher vers soi, et vers « l’inconnu de soi »… C’est aussi l’époque à la fin des années soixante-dix où le féminisme bat son plein. Elle se sent une parenté avec les combats menés. La rencontre avec un étudiant talmudique va tout changer pour la narratrice. Comme dans le Livre, l’homme ouvre le passage. Il devient rabbin et l’épouse…

La cérémonie du mariage, le sens de ce qu’elle implique est racontée avec la lumineuse simplicité de la vraie beauté. Elle dit combien est importante la promesse d’aimer et de protéger qui se dit sous le dais. La maternité viendra combler la très jeune femme.

Ces pages redonnent du sens à toute vie. On voit la narratrice heureuse avec quatre enfants, même si elle doit se mettre en retrait d’une vie intellectuelle qu’elle aime. Cependant elle ne l’abandonne pas car l’époux, chercheur, auteur d’articles, montre son travail. Elle peut ainsi le suivre. Elle perçoit être « dans une création mouvante et qui recommence à chaque instant ».

On suit l’auteure avec bonheur dans les chemins de sagesse qui sont les siens. Ils nous disent quelque chose de nous que nous cherchons aussi. « Mon abécédaire sensoriel n’a pas de fin. Je parle la langue des images comme les savants le latin, comme les érudits l’hébreu, comme la baleine joue de la cornemuse des glaces, comme la main du cruel décape, comme les deux faces de l’être se neutralisent… »

La poésie est à fleur de page et de cœur. Cette traversée est une réussite.

Publicité

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s