

Quand elle prend la plume, Geneviève Senger peut tout autant s’adresser à la jeunesse (à son actif des dizaines de romans pour les têtes arc-en-ciel) qu’aux adultes… Elle est passée maîtresse dans l’art de disséquer le pourquoi du comment des êtres, d’ici et d’ailleurs et nous emporter d’un continent à l’autre, dans des temps reculés, comme à l’époque contemporaine. La saga lui va si bien…
Nous avions déjà salué son talent avec les Bellanger…
Elle nous revient avec l’histoire de Josef Bear, né à Königsberg et qui est parti faire fortune aux États-Unis au dix-neuvième siècle.
Le pays lui manque-t-il pour qu’à soixante ans, alors que pointe le vingtième siècle, il quitte Central Park sa belle maison en pierre de taille et décide de retrouver la France ? Il emporte dans ses bagages, sa fille Marigold, seize ans, son bijou, sa lumière.
C’est dans le Lot qu’il s’installe, un lieu que la famille qui l’a accueilli aux États-Unis a connu. C’était sa terre.
Il se prend de passion pour cette belle région, sauve un moulin, s’intéresse à la culture des noix, finance une école… Son argent sert au meilleur. Il aura même l’idée d’installer un dispensaire. Pourquoi ?
Généreux ? Le vieil est rongé par un secret qui remonte à l’enfance…
Marigold s’étourdit, se fait des amis, s’installe quelque temps à Paris. Elle ne veut pas être une fille que l’on marie… Elle choisira… Pas toujours la bonne personne. Mais la liberté a un prix…
Quand elle revient auprès de Josef, elle se fait infirmière. Il est vrai que le monde est chahuté, que les guerres tambourinent et laissent bien des blessures. L’ouvrage ne manque pas.
Cette saga nous montre bien évidemment les tourments de Josef, la vie d’une vallée. Comment Marigold empoigne sa vie, aime en dehors des normes. On voit aussi la vie de Valentine, la fille de Marigold, puisque le roman va au-delà du conflit de 39/45… Conflit qui remet en présence les descendants de Josef, dont certains se trouvent piégés par une fidélité à un pays aux prises avec le nazisme…
Si l’auteure dissèque avec talent le questionnement des uns et des autres, les grandes interrogations, le comment vivre avec le tourment ou le crime des ancêtres, elle sait ouvrir la porte à la paix de l’âme, lieu d’une possible rédemption.
Belle écriture qui sert à merveille des personnages attachants. De la même manière que personne n’est vraiment le sauveur de l’humanité, personne n’est jamais le monstre qu’il est si facile de montrer du doigt pour n’avoir pas à se regarder.