

Après Au nom des nuits profondes chez Fayard et deux autres romans publiés chez Lattès, Dorothée Werner poursuit son auscultation de l’intime, celles des sentiments qu’on ne peut dire, ou des non-sentiments qui font plus ou moins errer les êtres en quête d’un ailleurs et de plénitude.
Si ces thèmes sont très fréquemment utilisés dans la littérature, il faut un style pour enchanter ou accrocher lectrices et lecteurs. Et Dorothée Werner possède un style vibrant pour les évoquer.
Ici, l’auteure nous raconte l’histoire d’un homme diplomate qui connaît sur le bout des ongles, les textes des grands traités internationaux… Mais en lui, est cette part de vie inaccomplie. Les textes des grands traités ne sont que des mots, des lignes, des directives d’où la poésie est absente. Cet homme est en quête d’un ailleurs susceptible de combler ce manque ?
Est-ce avec cette jeune femme, monteuse au cinéma, qui colle, coupe des bouts de vie qu’il peut étancher sa soif ? Chez elle, la vie n’est faite que de rushs. Elle n’a jamais marché hors des sentiers battus. Mariée, mère de famille, une vie où aucune séquence n’est ni dans lumière ni dans la nuit qu’il faudrait « cutter ».
Leurs rencontres ? Que sont les aéroports, les vastes halls de ces lieux ? Sont-ils des bouts de vie offrant le rêve, un no man’s land avant un champ de bataille ou une terre de renouveau où pousserait la poésie. Un petit shoot, est-il possible ? Quand les mots sont rares, une image suffit-elle ?
Il faut oser franchir le cap de l’impossible, laisser de côté les essais non concluants.
L’auteure a construit son histoire avec un langage cinématographie et quelques pas de travers dans une diplomatie qui pourrait s’affoler. Comment se protéger des risques ? En déposant les armes ? En s’offrant une trêve et tant pis pour la suite ?
Le pire n’est peut-être pas avenir ? Et s’il était une porte ouverte pour s’envoler vers l’inaccessible étoile ou l’impossible serait plénitude ?