Pierre Boenig-Scherel est né en 1935 d’une mère chrétienne allemande et d’un père juif originaire de Bucovine. 

La famille a fui l’Allemagne. D’abord ce fut son père qui se réfugia à Paris. Deux ans après l’épouse et l’enfant le rejoignirent. Abe, le père a été arrêté en 1942 et déporté à Auschwitz tandis que Pierre a été caché dans des familles françaises. Toujours fuir, se cacher pour échapper à la folie nazie. Pendant ces années passées à la campagne Pierre a trouvé de quoi nourrir son esprit dans la contemplation de la nature. 

Très jeune, il écrit des poésies très belles qu’un adulte n’oserait pas et ne pourrait pas coucher sur le papier.

L’après-guerre sera difficile, douloureuse, puisqu’il apprendra la mort de son père et de son meilleur ami. Après un passage dans une Maison d’Enfants un foyer d’accueil destiné aux enfants juifs survivants parrainé par la famille Rothschild, il poursuit ses études. Le goût de la poésie est toujours là, poésie qui sert à ausculter le pourquoi du comment d’une vie amputée, et d’autres vies meurtries à jamais par la folie.

Beaucoup plus tard, avec son épouse, une survivante de la guerre, il s’établit aux États-Unis. Il est d’abord psychologue, puis pratique l’art-thérapie, sans cesser d’écrire, mais en Anglais. Une langue neuve, vierge, qui ne porte pas les traumatismes de la folie nazie.

Beaucoup plus tard, alors qu’il a plus de quatre-vingts ans, il demande à Maïa Brami de l’aider à publier en France son unique ouvrage, un recueil de poésies. Il y a urgence. Un jour on est là, le lendemain peut-être aura-t-on tiré sa révérence à la vie. Maïa entend, Maïa écoute.

Elle est auteure jeunesse, mais pas seulement. Elle dirige des ateliers d’écriture aide par les mots et la langue à trouver le sens… Elle écrit aussi pour les adultes et place son œuvre sur les liens parents enfants, et surtout les liens femme et enfants. Talentueuse, elle est reconnue et souvent couronnée. 

Maïa ne résiste pas à la demande de Pierre Boenig-Scherel et traduit les poésies de cet homme. Le titre en dit long « De l’attente… et après ». Qu’a attendu Pierre après le vol d’une enfance. Que disent les mots ? Comment peuvent-ils réparer le manque ?

Reste que cet ouvrage est un bijou. La traduction est parfaitement réussie et si la colère légitime est là et crie que l’auteur déteste cette époque qui rend résistants à la souffrance, l’auteur affirme la beauté, la célèbre dans « L’attente » page 61  :

La nuit entre/ les arbres/ et la terre/ grandit dans les branches/ atteint le ciel/ dans le vert/ à l’aube –/ ma terre s’ouvre blanche/ derrière l’écorce des arbres/ sous le rêve des feuilles–

Ne vous privez pas cet ouvrage, de ces lignes de lumière qui éclairent toute nuit !

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s