L’histoire de Georges Floyd a inspiré à Louis-Philippe Dalembert ce roman Milwaukee Blues, un roman choral qui évoque une vie imaginaire, celle d’Emmett. Même prénom qu’Emmett Till assassiné par des racistes du Sud en 1955.

L’auteur commence son roman par le gérant pakistanais de la supérette dans un quartier au nord de Milwaudee (l’état voisin où s’est produit l’assassinat de Georges Floyd). Depuis son appel aux forces de police pour un billet qui lui a semblé louche, faux, il ne cesse de faire des cauchemars. « Si j’avais su… je n’aurais jamais fait ce numéro ». L’imam lui a bien dit qu’il avait fait son devoir, car si le billet avait été faux, c’était lui qui risquait la prison… Certes, mais Emmett est mort et de quelle façon… Mort d’avoir été étouffé par le genou d’un policier trop heureux d’en découdre avec un Noir.

Puis, c’est l’institutrice d’Emmett qui s’exprime. Elle l’aimait tant ce petit Emmett que même lorsqu’il a changé de classe, la nouvelle institutrice lui donnait des nouvelles. Elle ne peut croire cette histoire. Une amie d’enfance aussi s’exprime. Emmett aimait le football. Sa taille son poids en faisait un plaqueur naturel, dit-elle. Les siens espéraient de beaux jours pour lui. Surtout que le père était parti… La mère avait trimé dur et le conduisait à l’église chaque dimanche. La mère d’Emmett savait que le fils réussirait et qu’ainsi elle pourrait aider ceux qui tendent la main. Elle avait déjà fait la liste des gens qui seraient aidés. Il obtient une bourse, presqu’une victoire. Or, sa timidité sera un frein à la réussite espérée. Se remet-on de l’abandon d’un père ?

Et la fiancée parle d’une très belle histoire entre eux deux : « Pour être franche, je le connaissais bien avant de lui être présentée. Sa réputation l’avait précédé dans notre université catholique privée à 90 % blanche (…) tout le campus évoquait avec excitation et espoirs mêlés, la pépite que le coach de football avait repérée ». L’amour ne peut tout. Elle est blanche, lui noir… Comment vivre tous deux et avoir des enfants ? Qui voudrait d’eux ? La timidité d’Emmett est toujours là. Est-il voué aux petits boulots ?

L’assassinat a eu lieu, les réseaux sociaux ont relayé la tragédie. Ma Robinson, celle qui célèbrera les funérailles est une une ex-gardienne de prison devenue pasteure.

Ce roman brosse le portrait d’un homme d’ordinaire dans un pays qui ne l’est pas. En fait, sa mort l’a rendu célèbre. Elle, la femme pasteure affirme sa foi en une humanité plus juste, plus aimante. Elle est heureuse de voir des Blancs s’indigner et rejoindre cette marche qui accompagne Emmett. Sa prédication est extraordinaire et on voudrait la croire !

Le fin mot de l’histoire pourrait être : Ne pas être raciste c’est bien. Mais être antiraciste c’est encore mieux… 

À lire de toute urgence !

Louis-Philippe Dalembert sera au Livre sur la Place à Nancy du 10 au 12 septembre 2021. Il participera à la table ronde « Un supplément d’âme » au Palais du Gouvernement à 10 h le samedi 11 septembre aux côtés de Anouar Benmalek pour « L’amour au temps des scélérats » (Emmanuelle Collas) et Konstantinos Tzamiotis pour « Point de Passage » (Actes Sud).

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4 commentaires sur « Milwaukee Blues, par Louis-Philippe Dalembert, éditions Sabine Wespieser »

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