Paula, journaliste entreprend d’évoquer Pavel Stein, cinéaste connu pour ses films sur la mémoire, le manque et l’absence. Elle l’a rencontré à l’aube du nouveau millénaire, donc vingt ans auparavant. Une époque de grandes interrogations, dont celle de la fin du monde… Le tout est de savoir de quelle fin on parle. C’était l’arrivée du mystérieux euro, nous dit l’auteur, mais ce fut aussi celle de deux bombes, écrit encore l’auteur, deux magistrales tempêtes tropicales Lothar et Martin. La fin du monde commençait sans doute à s’écrire.

Mais Paula s’attache aux liens qui ont été les siens avec ce cinéaste-écrivain pétri d’étrange, capable de faire publier un ouvrage sur le Talmud qui n’est que page vide, après page blanche, sauf des notes en bas de pages qui sont des commentaires de commentaires.

Le plus surprenant, c’est Hollywood qui en avait acheté les droits. 

Quel bonheur pour les snobs que de se ruer sur le vide, sur ce qui n’existe pas, ou plus, ou va périr et qu’un génial auteur aurait pressenti.

Tout commence pour Paula quand elle se rend à la projection en avant-première d’un film de Stein « Les Cent Vingt Jours de Sodome ». Elle raconte, comme une femme peut le faire, son arrivée dans la salle de cinéma, son ressenti, avec concision cependant, et il faut saluer le talent de l’auteur, un homme qui se glisse dans la peau d’une femme. Elle semble apprécier le film sur l’absence et ose quelques questions au réalisateur dont : « Si vous donnez un visage à l’absence, monsieur Stein, ne prenez-vous pas le risque d’en manquer ? ». La réponse peut surprendre, mais non, elle révèle la teneur de l’histoire : « Mademoiselle, je vous rappelle que ce sont précisément ces visages qui nous manquent, ce sont ces absents qui nous regardent… ». Évidemment, quand on connaît l’histoire du peuple juif jusqu’à la Shoah… Il y a matière à réflexion.

Entre Paula et Stein, je ne puis tout vous raconter, va s’installer une relation amoureuse, une véritable histoire d’amour qui l’emportera à Lhassa pour retrouver Stein parti se ressourcer dans un monastère. Elle n’y reste que quelques jours, rentre à Paris et perd la trace de Stein et de ses mystères. C’est le moment de l’invasion du Tibet par les troupes chinoises.

Et la vie de Paula va s’écrire avec le mot basculement dont la fin inattendue se révèle dans les dernières lignes de l’ouvrage savamment orchestrée.

Il ne faut pas oublier la place que tient Antoine, un ami de toujours… Et s’attarder sur la symbolique des chiffres et des nombres. L’auteur est un chercheur en mathématique. Mais est-ce que le chiffre peut remplacer le mot, se substituer à lui pour rendre compte des sentiments ?  Combler le vide ? Chiffres et nombres numérotent nos vies, ont une signification, y compris dans la Kabbale. Livre clef expliquant le judaïsme… 

Cela étant dit, ne manquez en aucun cas la lecture de cet ouvrage qui tend nos âmes vers l’invisible, où la présence-absence fait chanter les mots et comble, un peu, nos vides intérieurs.

L’auteur sera présent au Livre sur la Place à Nancy du 10 au 12 septembre 2021

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