

Voici un ouvrage qu’il faut donner à lire à tous. Que raconte-t-il ? Une page d’histoire humaine dont tout un chacun doit prendre conscience, surtout en ce temps où l’on parle des anciens qu’il faut protéger, covid oblige…
Mais que sait-on des anciens ? Ils nous ont précédés. Ils ont beaucoup donné, de leur temps, de leur savoir, de leur amour aussi, et les jeunes, parce qu’il faut que tout aille vite et à leur rythme à eux, sont agacés par la vieillesse qu’il faut protéger. C’est tellement plus simple de les flanquer en des lieux adaptés à leurs petits pas, à leurs faibles souffles.
Emma et Lucien, pendant des années, se sont aimés en secret. Chacun était marié… Mais ni l’un ni l’autre ne voulait faire de peine. Ils s’étaient cependant promis, s’ils perdaient la ou le conjoint(e), de vieillir ensemble.
Emma sera libre plus vite que Lucien qui, grand âge oblige, voit parfois sa mémoire chanceler. Poussé par sa fille Valérie, super occupée, il entre en maison de retraite.
Mais quelle maison de retraite ! Une prison où tombent les taloches, où l’on tutoie et rudoie les anciens. Où prendre une douche est un problème, où la nourriture sent le carton. Djamila fait ce qu’elle peut… C’est compter sans le dragon des lieux…
Emma n’a rien oublié de la promesse.
Sans tout dévoiler, c’est une plongée dans un monde devenu invisible aux yeux des bien portants. Promis, on viendra dimanche, on te prendra peut-être à Noël. Mais rien de tout cela. Lucien découvre d’autres anciens guère mieux lotis que lui et qui se sont fait une raison. Molly, Dounia, Rose peuvent-elles venir à la rescousse ? À plusieurs, peut-être est-il plus facile de résister, de s’extraire de ces lieux, mais comment ?
Marie Pavlenko confie avoir toujours aimé les vieux, ses grands-parents aux souvenirs inépuisables. Elle s’indigne contre les lieux où l’humanité a disparu. Certains EHPAD en font partie, (pas tous, elle le reconnaît) mais on pourrait étendre cette indignation aux centres de rétention, aux camps-bidonvilles, aux banlieues abandonnées, où l’humanité qui doit primer, rassembler, n’est plus qu’un vieux rêve.
Un livre indispensable pour briser cruauté et lâcheté, pour aimer, permettre d’aimer jusqu’au bout.