

Mélissa avait tout pour réussir. Un parcours exemplaire au sein d’une famille aimante, maman cantinière, papa boucher qui ont fait le nécessaire pour qu’elle réussisse et s’intègre au mieux dans la vie professionnelle. Sauf qu’à l’aube de l’âge adulte, le milieu d’origine est un point fragile. Manquait-elle d’assurance ? Elle craint d’oser faire et de ne pas parvenir à faire, même si elle sait faire. Mélissa dit au début de ce roman : « Mon enfance était un bloc posé au coin de ma mémoire, un terreau rude, minéral qui ne se questionnait pas, qui avait tenu son rôle puisque j’avais poussé droit. »
Où trouver de l’aide ? Une rencontre, un groupe étrange dirigé par un gourou, il n’y a pas d’autre mot, manipulateur. Il est celui qui rassure, malgré sa froideur. Il ne demande pas qui elle est. Elle ne voit pas sa brutalité et sa dangerosité. Elle a l’impression de devenir elle… Et fait corps avec un mouvement politique extrême. En perçoit-elle les funestes projets ? Survient une action terrible qui conduira à la mort d’un enfant qui ouvrira (enfin) le regard de Mélissa qui ne parviendra à regarder sa vie que dans la fuite.
C’est une quasi-errance qui la conduit jusqu’à New-York, à Key West, un des lieux d’Hemingway avant l’Alaska. Sur sa route, sans se soumettre, elle écoute le tressaillement de sa vie, le frémissement de son devenir. De belles rencontres dont celle avec Jane, (une autre mère ?) qui est celle de Ryan, un médecin, puis avec Ange, le bien nommé…
Ce que ces pages offrent sous la belle plume de Carole Zalberg, que je suis depuis longtemps, c’est le comment éviter les pièges de la radicalisation ?
Si on ne peut pas effacer les égarements du passé, si cruels fussent-ils (et on ne le doit pas) c’est le comment vivre avec. Avec l’aide d’autres âmes, Mélissa pourra danser sa vie dès lors que l’éveil de sa conscience l’aura saisie.
Si ces pages peuvent déranger, elles bouleversent. Elles touchent à l’essentiel et offrent la lumière.