Le roman de Pilar Quintana, romancière colombienne interpelle. À travers l’adoption d’une chienne qui vient de naître, ouvre à peine les yeux, l’auteure explore le désir d’enfant chez Damaris, son héroïne qui vit avec un Rogelio, un pêcheur dans un cabanon de fortune.

Pilar Quintana décrit le quotidien des petites gens, presqu’au jour le jour. Quand la pêche a été bonne, on peut effacer l’ardoise chez le commerçant, qui fournit l’essentiel à la survie, acheter une chaîne Hi-FI. Elle montre cette vie parfois difficile, non loin de la mer et de la jungle. Les tempêtes qui ébranlent la cabane et rendent les rochers glissants et où on peut disparaître si vite. Elle peint cette jungle aux mille dangers et comment Damaris fait face rien qu’en caressant la Chienne Chirli, son bébé, sa raison de vivre… 

C’est bien sur cette chienne, qui bat si bien de la queue pour montrer sa joie, que Damaris va transférer l’amour qu’elle aurait donné à l’enfant qui ne s’annonce pas, malgré les consultations chez les chamanes et sorciers… 

La chienne est d’abord posée entre ses seins, puis au plus près d’elle. Elle la nourrit avec les meilleurs morceaux… Et puis, un jour, plus rien ne va, la chienne disparaît pendant plusieurs semaines avant de revenir le ventre gonflé. Et cette « enfant » de Damaris, va réussir ce que la maîtresse aura raté… Elle donnera naissance à des chiots alors que Damaris restera sèche à jamais. 

L’écriture est belle, (la traduction est excellente) montre la jungle, les lieux, la détresse, l’immense chagrin aussi puissant que les pluies qui peuvent survenir en ces contrées.

Jusqu’où peut conduire un désir d’enfant qui ne sera jamais comblé ? Cet enfant qui demeure à l’état d’inaccessible rêve, pour elle, comme pour Rogelio, désarmé devant cette femme qu’il aime, à sa façon, sans parvenir à la consoler vraiment est le coeur du roman. Damaris est seule jusqu’au vertige. Le chagrin la taraude et remplit son ventre vide de larmes. Guérit-on d’un tel manque et comment ?

La Chienne est un roman choc. Pilar Quintana a bien du talent, c’est son premier roman traduit en France. On espère que d’autres suivront.

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