

Comme une ombre portée est le deuxième roman publié par Hélène Veyssier. Un Jardin d’été m’avait déjà beaucoup impressionnée… Chez l’auteure, tout est délicatesse, petites touches pour fouiller les âmes, en extraire ce qui fait mal, comprendre et oser enfin aller respirer les senteurs d’un jardin…
Voici l’histoire de Camille dans la maison de sa grand-mère. Camille qui en aime le jardin, souvent sauvage, mais qu’une main d’homme viendra ordonner. Que s’est-il passé en ces jours ? Le souvenir est fugitif, puis tenace jusqu’au mal être… « Où m’as-tu emmenée mauvais homme ? Je me débats, je lutte, je t’aimais. Avant cette scène du couloir, je t’aimais si fort de mon cœur d’enfant ».
Elle aurait dû le dire à sa maman. Elle n’a pas pu… Mais est restée cette ombre puissante sur son enfance. Une blessure qu’elle ne peut oublier.
Le temps passera. L’auteure sait habilement, en peu de pages, avec un style concis, épuré, dire l’essentiel. Il est de ces lignes, il est de ces mots, des histoires qu’on ne peut oublier.
Beaucoup plus tard, Camille rencontrera un peintre italien héritier du mouvement des Macchiaioli. Un groupe d’artiste italiens révoltés par trop de misère dans les années 1860, considérés comme les précurseurs des impressionnistes. Or cet héritier, Andrea, possède une toile…
Le roman d’Hélène Veyssier interroge : une œuvre d’art peut-elle faire surgir l’ancienne blessure. Un souvenir se dessine. Un visage d’abord flou se précise ? Un nécessaire rappel de faits ouvrant la porte au questionnement. Peut-on, doit-on piétiner cette ombre pour trouver la lumière ? Andrea sera-t-il cet homme de l’art capable de réparer ? C’est bien chemin que recherche Camille.
Il y a dans ce roman une route qui s’ouvre, celle du temps du bonheur encore possible. Si l’offense est venue d’un homme, un autre homme réparera. Et un jardin pourra s’épanouir. Que serions-nous sans la nature qui, de saison en saison, suit ces mêmes chemins de réparation ?
À lire, à faire lire.