Cécile Balavoine m’avait enthousiasmée avec Maestro son premier roman. Une belle écriture, l’art de narrer, de dire avec tact, délicatesse. Que serait le deuxième roman et quand surtout ? J’ai reçu Une fille de passage juste avant le confinement. Et il a fallu attendre pour publier mon ressenti. Les librairies étaient fermées. Mais j’ai lu avec joie et ravissement l’histoire de la jeune Cécile et de sa rencontre, puis ses liens avec Serge Doubrovsky, le pape de l’autofiction.
Ils se rencontrent à New York (un peu aussi à Paris) et très vite, pendant que Serge qui a aussi un lieu à Paris, Cécile logera chez lui et découvrira peu à peu la vie de cet homme et la vie des femmes qui furent les aimées de l’écrivain. Elle est d’abord l’élève de Serge qui exerce une sorte de fascination sur elle. Il est le maître et lui conseille d’écrire. Le peut-elle, elle qui a rêvé d’être musicienne ? Elle qui est attirée par ce qui se passe à Salzbourg ?
Ce roman nous interroge sur ce qu’est le sentiment qui peut unir deux êtres ? Comment naît l’attachement ? Est-il raisonnable de s’attacher à un être qui pourrait être son grand-père ? Cécile montre les liens, les attirances et les blocages aussi jusqu’à la demande en mariage où elle se retrouve debout sur le canapé à résister… Elle ne serait plus une fille de passage, mais une femme, sa femme…
La fille de passage répond au dernier roman de Serge qui écrit « un homme de passage », roman dans lequel, elle est l’héroïne. D’où ce vertige quand on se découvre dans les pages d’un roman. Il a toujours procédé ainsi. Or, rien, du point de vue de la chair, s’accomplira. Elle ne peut pas. Elle l’a embrassé quand il était très malade, c’était naturel. « Les garçons de ma classe continuaient de flotter devant mes yeux, mais je savais que si l’un d’eux était vraiment entré à cet instant, dans cette chambre d’hôpital tandis que j’embrassais Serge Doubrovsky, je l’en aurais chassé, je serais restée dans cette éteinte, dans ce sursaut de vie qui s’échangeait, dans cette fusion des âges qui s’opérait… »
On aime la finesse de cette relation, le ton pour décrire les sentiments, la complexité des êtres, la douceur et la tendresse, la pudeur extrême.
Courez à la librairie et abreuvez-vous ! C’est tout simplement magnifique.