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Si à Nancy et dans les environs, nous connaissons encore Marie Marvingt, « la fiancée du danger », c’est grâce à Marcel Cordier qui lui consacra avec Rosalie Maggio dans les années quatre-vingt dix, un ouvrage publié aux éditions Pierron (cité par Michèle Kahn).

Mais en France, en Europe et dans le monde qui se souvient de cette pionnière dans tant de domaines ?

Michèle Kahn s’est intéressée à cette femme à nulle autre pareille.

Marie naît dans le Cantal en 1875, d’un père receveur des Postes qui épouse une jeune femme d’origine lorraine mosellane… Ce qui vaudra à Marie d’aller à l’école allemande –la Moselle et l’Alsace ont été annexées par la Prusse après la défaite de Sedan– avant de venir habiter Place de la Carrière à Nancy.

Marie naît après trois garçons qui meurent très jeunes et c’est le désespoir du papa qui entendait les élever tels des sportifs. Marie va combler les rêves de Félix… À quatre ans elle nage dans la Meurthe comme dans la Moselle, apprend à faire du bicycle avant même que se répande la mode des bicyclettes. Le ski, les arts du cirque, l’alpinisme seront des domaines qui vont émerveiller Marie. Disciplines qu’elle pratique, car elle veut tout essayer. « Savoir, vouloir, c’est pouvoir » sa devise.

Évidemment, lorsque l’on commence à parler des voyages en ballon, puis de l’aviation, elle ne peut rester indifférente et se lance dans l’aventure. Elle participe à la guerre de 14/18 et obtient d’aller bombarder la base de Frescaty Metz (l’Allemagne à l’époque). Comme elle a aussi suivi des études de médecine, elle tente de réunir deux passions et d’inventer un avion sanitaire pour aller soigner les blessés…

La presse peut être élogieuse, mais le machisme ambiant fait qu’elle est parfois moquée. Elle n’en a cure, exige que des articles soient corrigés. Si elle se trouve à bord d’un aéronef en compagnie d’un homme, c’est pure curiosité, une femme ne peut pas se livrer à de telles péripéties et diriger. On reconnaîtra parfois ses exploits en mettant en parallèle que certes, on peut se promener là-haut, et ne pas savoir, pour une femme, cuire une omelette. La honte, n’est-ce pas ? Alors qu’elle a gagné des concours de cuisine.

Elle verra d’illustres compagnons ou soldats mourir. Les accidents étaient fréquents. Elle-même connaîtra quelques chutes et « mordra le bois ». Mais elle est forte et la vie s’offre encore à elle.

Elle a fréquenté le beau et le grand monde, Lyautey et quelques présidents de la République, n’hésitant jamais à se rendre à Paris, depuis Nancy, en vélo en pédalant sur sa Zéphyrine… Les derniers voyages auront lieu à plus de quatre-vingts ans.

C’est une curieuse, une audacieuse, assoiffée de ce que la vie qu’elle aime peut offrir, tant dans les sports, que dans les langues (elle parle quatre langues dont l’Esperanto) et les arts. Elle écrit (plutôt bien) donne des conférences, on la réclame partout. Elle connaît les Daum, les Majorelle et tant d’autres de l’École de Nancy…

Le roman de Michèle Kahn est nourri, bien écrit, alerte, comme tout ce qu’elle nous offre. La fin de cette grande dame, pour qui la connaît, est dramatique, elle est oubliée de tous. Peut-être a-t-elle eu le tort de mourir trop tard. Les héros qui meurent jeunes marquent les esprits.

On ne saura jamais qui elle a aimé… On ne lui a connu, ni amants, ni amantes. Une chose est sûre : elle aimait Dieu. Chaque messe caressait son âme.

Laissez-vous caresser par ces pages qui font du bien et rendent justice à une femme et quelle femme !

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