emmanuelle-grange-75411-750x350.jpgimage.html.jpeg

Entre Jane Eyre et Le Roi des aulnes, entre Berlin et Paris où vivent les grands-parents, l’auteure nous raconte Gabrielle, sa mère, se raconte, elle aussi, par la même occasion avec infiniment de tendresse, de petites touches à la manière d’un peintre qui n’oserait pas montrer d’emblée une réalité, mais seulement l’approche d’une mère remarquable, quoique, un peu fantasque. Il faut, dans ce cas précis, oser voir au-delà de la toile et des couleurs.

Le mari est fonctionnaire international à Berlin… L’épouse aime par-dessus tout l’eau, les piscines à défaut de plage. Elle est adorable, mais un peu imprévisible. Quand naît le petit frère, dont n’a pas du tout envie la narratrice qui se voyait bien en fille unique, il faut aller à Paris. C’est la première séparation d’avec la mère et la découverte des jardins du Luxembourg, d’autres pâtisseries, d’un autre mode de vie… Il y en aura d’autres, quand la maman éprise de liberté s’en ira, puis reviendra.

Comment se construit-on dans de telles conditions ? Pourquoi ces fuites ? Quelle faute a été commise ? Aucune, bien sûr. Les êtres sont ainsi uniques, bons, généreux, mais parfois si inconséquents et on les aime tels qu’ils sont. Comment faire autrement ?

C’est la leçon de cet ouvrage. Emmanuelle Grangé, qui est comédienne, évoque cette mère, cette famille, la sienne, sans jugement, seulement avec la lumière du cœur. Comme Jane Eyre qui ponctue chaque tête de chapitre Je lisais clairement dans son silence de fer tout ce qu’il ressentait à mon endroit : la déception d’une nature austère, et despotique qui a rencontré de la résistance… (Jane Eyre). Ma mère est maintenant capable de se hisser du lit sur son fauteuil roulant (…) Ma mère emporte Le Roi des aulnes –elle ne se déplace plus sans un livre sur ses cuisses– elle a dispersé les noisettes, elle écoute immobile, les petites bêtes grignoter sous son fauteuil.

Amers remarquables, le titre joue avec les mots… Les mères, aux mères remarquables, malgré… Il nous reste d’elles un parfum, infini, comme après avoir refermé cet ouvrage dans lequel on replongera, par petites touches pour toucher du bout des yeux et du cœur la beauté d’un sillage inoubliable.

2 commentaires sur « Les amers remarquables, par Emmanuelle Grangé, éditions Arléa, collection 1er mille »

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s