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Pas un roman de Sylvie Germain ne ressemble à un autre roman et pourtant, inlassablement elle poursuit son grand œuvre avec singularité et exigence. Elle sait mieux que personne mêler la fiction à l’Histoire. Une histoire qui s’élève sur les écrits d’autres penseurs, sur les textes fondateurs. Le vent reprend ses tours emprunte son titre à l’Écclésiaste. Mais le roman de Sylvie Germain va bien au-delà. Ce n’est peut-être le Vent qui aura le dernier mot. Il ouvre cependant le chemin de la connaissance, de la liberté intérieure qu’il révèle.

Nathan, jusqu’à la découverte d’un avis de recherche collé sur un abribus, aurait pu oublier Gavril, le vieil homme disparu qui a joué un rôle si important pour lui.

Quelque part, Gavril a sauvé Nathan, a préservé son enfance, l’a enchantée grâce à sa poésie, sa fantaisie au cœur de Paris. Cet avis de recherche est un choc et Nathan, qui jamais n’a voyagé, va enquêter et se rendre en Roumanie le lieu de Gavril dont il n’a jamais rien su. Pourquoi oublie-t-on d’interroger ceux qui nous sont proches ? On attend trop longtemps pour le faire. Peut-être s’est-il trop dispersé dans ses recherches (…) Pourquoi entretient-on d’une certaine manière le silence ? D’un coup il se sent vide. Vide d’écriture, de récit, vide curiosité.Pourquoi se fait-on complice de ce vide qu’une parole peut remplir de merveilleux et de sens ? Et le mort a saisi le vif, le laissant stupéfait, en suspens dans le vide. (…) Son propre passé fait retour (…) des années d’une navrante nullité.

Chercher, creuser, décortiquer les faits appartenant à d’autres, c’est déchirer les voiles dans lesquels par facilité, par inconscience, par égoïsme parfois on s’est drapé. Protection illusoire et vaine. Gavril se révèle à Nathan trente ans après le chant dans les rues de Paris. Gavril, comme le clown sait le faire, a tu les drames de la guerre et les purges ensuite. Son futur était le prix de ce chant du silence auxquels se sont ajoutés certains mensonges de proches.

Des lignes, des pages merveilleuses. C’est la plume de Sylvie Germain qui tricote, tisse une toile sublime avec des vies ordinaires, à condition toutefois que le Vent ose, et il s’en prive rarement, tourner jusqu’à les rendre uniques.

On lira et regardera aussi le bel album L’esprit de Marseille, texte de Sylvie Germain, photographies de Tadeusz Kluba. Elle y raconte André Breton et les surréalistes refusant de cesser leurs jeux en 1941 et qui se sont réfugiés à Marseille.  Un portrait sensible d’une ville qu’on (re)découvre différemment.

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